Publié le 22 Avril 2024

Bipolaire

La pluie et le soleil

 

Il pleut à gommer les couleurs

Il pleut à engloutir l’Arche de Noé

Les animaux serrés flanc contre flanc

Le regard implorant qu’ils ont aux abattoirs

 

Mes yeux ont disparu derrière les cataractes

Je n’ai pas un projet pas un espoir

Pas un chat sous la main

Pas un ami pas une amante

 

Voilà que tout à coup le soleil brille

Il jette des grains de riz aux portes des églises

Sur le ciel un poète de Chine

Dessine un vol d’oiseaux au bout de son pinceau

 

Mes yeux ont pris au vol des éclats de soleil

Je joue avec mon chat sur le tapis de laine

Je sors le vin et les verres qui chantent

J’attends un ami j’attends une amante

 

 

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Rédigé par chriswac

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Publié le 16 Avril 2024

La nuit

La nuit

 

La nuit ne veut pas fermer sa gueule

Elle est assise à mon chevet

Les yeux noyés sous la voilette

Les doigts cousus dans le velours

 

Elle se moque des points et des virgules

Elle dit sans fin ce que j’ai caché sans relâche

Ce qui est tapi dans mon crâne

Ce qui remue comme des vers

 

Qui donc un jour la fera taire

Ne sait-elle pas que je suis mort

Qu’enfin je dors au cimetière

Sans souvenir et sans  remords

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Rédigé par chriswac

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Publié le 9 Avril 2024

Pâques. Le feu.

 

 

 

 

Minuit de Pâques

 

Dans la maison vide

La cheminée a gardé les cendres du feu

Le coussin est creusé sur la chaise où dormait le chat

Dans les profondeurs du miroir au cadre doré

Les morts n'ont pas la force de remonter à la surface

 

C’est le jour qui naît dans la nuit

Avec le feu aux portes des églises

Le feu de cierge en cierge

Parmi les chants de joie pour accueillir

Celui qui revient chez lui quand on le croyait mort

 

Quand tu rentreras dans la maison vide

Tu seras l’enfant que tu étais

Tu donneras une caresse au chat

Tu tendras tes mains bleues vers le feu 

Et dans le grand miroir au cadre doré tu prendras place

Entre ton père et ta mère habillés pour la fête

 

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Rédigé par chriswac

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Publié le 6 Avril 2024

Alain. Cimetière de Pantin.

 

 

 

Alain

 

Dans l’allée principale les marronniers

Elèvent leurs ménorahs entre les jeunes feuilles

Un peu jaunes un peu vertes

Couleurs du printemps tremblant comme un chevreuil qui vient de naître

Tu es venue protégée par ton blouson de peluche

Pour un rendez-vous que tu n’as pas voulu

 

Tu attends celui qui fut ton ami d’adolescence

Dans les rues de Tunis

Sur les pistes de danse

Et devant les écrans qui promettaient le monde

 

Il fait froid les allées se perdent sous la boue

Le rabbin dit une prière que tu ne comprends pas

Il parle de sa joie et de son sourire

De sa façon d’aimer la vie sans poser de question

Il fait de lui un éternel enfant

 

Et toi tu sais

Es-tu la seule à le savoir

Qu’il avait peur

Peur des souffrances et de la mort

Peur de ce qui menaçait la seconde fragile

Tu sais qu’il fermait les yeux quand sur l’écran

Dracula plantait ses crocs dans le cou de sa proie

 

Voilà, c’est lui que tu suis maintenant

C’est lui qui va être enfoui dans la terre

C’est lui qui ferme les yeux sur son enterrement

Lui qui ne retient des images que leur lumière

 

Lui qui savait que tu serais au rendez-vous

Dans ton blouson de peluche

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Rédigé par chriswac

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